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Le voyage du héros

Paul Rebillot, créateur du “Voyage du héros”

Paul Rebillot a donné au “Voyage du héros” la forme expérientielle qui en fait une aventure intérieure dotée d’un haut pouvoir de transformation.


À la croisée de toutes les recherches expérientielles des années 70 — pratiques théâtrales proches des rites, gestalt, dynamique de groupe, travail sur le corps… — Paul Rebillot élabore une approche unique qui, quarante cinq ans plus tard, demeure toujours aussi puissante et actuelle.


Les années Esalen

En 1971, Paul Rebillot a quarante ans. C'est un des acteurs de l’effervescence créative qui anime San Francisco. Après avoir enseigné l'art dramatique au San Francisco State College et à Stanford University, il a créé la Gestalt Fool Theatre Family, compagnie de théâtre expérimental conjuguant expression ancrée dans le vécu intime et pratiques rituelles.

Au même moment et plus au sud à Big Sur, L'Institut Esalen est le lieu d’exploration de toutes les expériences favorisant ce qu'on appelle alors le développement du potentiel humain.

Rebillot s’y forme à la pratique de la gestalt avec Dick Price, lui-même élève de Fritz Perls qui a élaboré cette approche.

Il y pratique la dynamique de groupe avec Will Schutz au côté duquel il fondera, avec d'autres, Joy Press.

Il y côtoie John Lilly, scientifique qui étudie les états de conscience modifiés, et il y travaille avec Stanislav Grof, psychiatre qui approche la crise psychotique comme un rite de passage qu'il s'agit d'accompagner plutôt que d'éliminer.

Il y rencontre aussi Joseph Campbell, spécialiste de mythologie comparée dont il avait déjà lu de façon approfondie Le héros aux mille et un visages.

Ces rencontres avec Price, Schutz, Lilly, Grof et Campbell, les expériences partagées et les échanges orienteront de façon définitive le travail de Rebillot et contribueront à faire de lui l'un des pionniers de la psychologie humaniste.

Genèse d'une approche unique

En 1972, Rebillot travaille avec les médecins et le personnel soignant d'hôpitaux psychiatriques pour les aider à mieux appréhender le vécu de la souffrance mentale et explorer le processus qui permet d'en sortir. Cette collaboration le confirme dans sa propre expérience et l'une des idées fondatrices d'Esalen : les crises mentales graves sont en fait une réponse au manque de rites de passage.

C'est ainsi qu'il est amené à élaborer une synthèse unique,  issue de sa pratique du théâtre expérimental ainsi que de toutes les recherches expérientielles vécues à Esalen.

• Il revient à l'esprit originel de la tragédie antique, envisagée comme processus de catharsis et d'apaisement.

• Il s'appuie sur la structure, initiatique par essence, du monomythe de Campbell (qu'il a fréquenté à Esalen l'année précédente, en 1971) et il y associe :

• la dynamique de groupe pour créer un collectif propice à l'expression créatrice de chacun ;

• la méditation pour mettre en résonance corps, cœur et esprit ;

• le mouvement et la posture pour ancrer le vécu dans le corps ;

• la pratique de la gestalt  pour aborder les protagonistes du Voyage comme autant de facettes de soi ;

• la pratique du “théâtre-rituel” pour favoriser l'accès aux registres sensibles les plus intimement enfouis.

Il en résulte Le voyage du héros, expérience à vivre dans toutes les dimensions de son être, qu'il facilite pour la première fois en 1972 avec les médecins et infirmières psychiatriques qu'il accompagne alors. Il le facilite ensuite à Esalen, dès 1973.

Dès 1974, Paul Rebillot introduit Le voyage du héros en France. Tandis qu'il continue de travailler à partir d'Esalen, l'Europe deviendra progressivement son champ d'action  principal.

Les années européennes

Rapidement, les tournées européennes prennent de plus en plus d'ampleur, l’emmenant en France, en Allemagne et en Autriche, en Angleterre et en Irlande, aux Pays-Bas, en Suisse et en Italie. Il y trouve un public diversifié de particuliers et de professionnels de la santé et de l'éducation. Peu à peu, l'Europe devient son principal champ d'activité.

En 1987, Laurance Rockefeller lui accorde une bourse pour écrire un ouvrage décrivant son approche du Voyage. L'appel à l'aventure: Le voyage du héros dans la vie quotidienne, sera publié (en anglais) en 1993 avec une préface de Stanislav Grof.

Dans l’intervalle, en 1989,  est déjà paru (en anglais) Le voyage du héros: Rites et mystère, participation à l'ouvrage collectif Crise personnelle et évolution spirituelle, publié sous la direction de Stanislav et Christina Grof.

En parallèle, Rebillot élabore de nouveaux parcours de découverte de soi et, à la demande de ceux qui souhaitent aller plus loin, il met en place en 1988 la School of Gestalt and Experiential Teaching. Il prodigue dans ce cadre une formation à la pratique de la gestalt et à la conception de parcours expérientiels présentant les traits distinctifs de son approche. Ces cycles de formation, en général de trois ans, se renouvelleront jusqu’en 2005.

En dépit du succès qu'il rencontre, Rebillot ne se prendra jamais pour une célébrité. Ses honoraires sont modérés et son style de vie des plus simples.

En 2006, il initie son dernier grand projet et, avec un groupe multiculturel de neuf élèves, il développe un parcours qui reprend les étapes clés du mythe fondateur des trois monothéismes : l’histoire d'Abraham. Il entend ainsi contribuer, au-delà des divergences confessionnelles, à la possibilité d’éprouver la portée universelle du mythe d’Abraham. Le parcours qui en résulte, Héritage d'Abraham, est par la suite facilité à deux reprises par ses concepteurs, en Allemagne en sa présence, puis en Irlande.

En 2008, à l’âge de 77 ans, Paul Rebillot met fin à trente-cinq années de tournées européennes et retourne définitivement à San Francisco d’où il poursuit ses activités de formation et de supervision.

Avant son départ, il fonde avec Tony Khabaz L'École de gestalt et parcours expérientiels et lui confie le soin de continuer à faire connaître ses parcours et son approche.

En 2009, il est atteint d’une sévère pneumonie. Après huit mois de lutte contre l’insuffisance respiratoire, il s'éteint paisiblement chez lui, le 11 février 2010, entouré de ses proches.


Will Schutz

Paul Rebillot à Esalen

Stan Grof et Fritz Perls

Dick Price

Joseph Campbell

Gestalt Fool Theatre Family

Paul Rebillot à Stanford University

Paul Rebillot

Paul Rebillot

Paul Rebillot

Paul Rebillot

Paul Rebillot

Récit

Mon voyage avec Paul Rebillot

par Tony Khabaz (février 2021)

Récit

La dernière causerie de Paul Rebillot

avec Melissa Kay (décembre 2019)